Le rêve vs. la réalité d'un jardin néerlandais
L'idée d'un jardin privé (tuin) dans les Pays-Bas densément construits est le rêve ultime pour beaucoup. Il promet un coin de verdure personnel, un espace pour que les enfants jouent, et un lieu pour des barbecues d'été. Cependant, le rêve se heurte souvent à une réalité moins idyllique. Le facteur le plus critique déterminant l'utilisabilité d'un jardin est son orientation (ligging). Avec le soleil souvent timide, un jardin orienté au sud (tuin op het zuiden) est le saint graal, recevant la lumière du soleil pendant la majeure partie de la journée. Un jardin orienté au nord (tuin op het noorden), en revanche, sera à l'ombre la plupart du temps, toute l'année. Cela se traduit par un espace souvent humide, froid, et difficile pour faire pousser autre chose que de la mousse et des fougères. Ce n'est pas une oasis baignée de soleil mais plutôt une cour perpétuellement sombre.
La vie privée est une autre caractéristique souvent surestimée. La plupart des jardins urbains, généralement situés avec des appartements au rez-de-chaussée (benedenwoning), sont directement surplombés par les nombreuses fenêtres des immeubles environnants. Cet effet de "bocal à poissons" signifie que votre retraite privée est exposée à des dizaines de voisins. Le terme terrasse sur le toit (dakterras) semble plus exclusif, mais il souffre souvent des mêmes problèmes d'être surplombé, en plus d'être exposé au vent. Lors de la visite d'un bien, ne regardez pas seulement la taille du jardin ; tenez-vous au milieu et regardez en haut. Évaluez les conditions de lumière et le nombre de fenêtres pointées directement vers vous avant de succomber à la notion romantique d'un jardin "privé".
Le fardeau de l'entretien (Tuinonderhoud)
Un jardin n'est pas une entité auto-entretenue ; c'est un être vivant qui demande du travail. Cela soulève le point de conflit le plus courant entre locataires et propriétaires : qui est responsable de l'entretien du jardin (tuinonderhoud) ? Le contrat de location doit être clair comme de l'eau de roche à ce sujet, mais utilise souvent un langage vague qui mène à des disputes. En règle générale, la loi distingue entre l'entretien mineur quotidien et les travaux structurels majeurs. L'entretien mineur est généralement la responsabilité du locataire. Cela inclut des tâches comme tondre la pelouse, enlever les mauvaises herbes, et tailler les petits arbustes. Si vous laissez le jardin devenir une jungle envahie, le propriétaire peut vous tenir responsable du coût de sa restauration.
L'ambiguïté réside dans la définition de ce qui constitue un entretien "mineur" versus "majeur". Par exemple, qui est responsable de la taille d'un grand arbre qui bloque la lumière ou menace d'endommager la propriété ? Qui doit remplacer une clôture cassée ou réparer des dalles de patio affaissées ? En général, les travaux structurels majeurs et l'entretien des grands arbres incombent au propriétaire. Cependant, un propriétaire peut "oublier" cette responsabilité. Un locataire qui veut un jardin doit être prêt à faire régulièrement le travail lui-même ou à payer un jardinier. Ne pas clarifier ces responsabilités dans le contrat de location est une invitation à un conflit futur, qui apparaîtra probablement lors de l'inspection de sortie lorsque le propriétaire vous présentera une facture salée pour "négligence du jardin".
Jardins communs : une déception partagée ?
De nombreux ensembles d'appartements modernes aux Pays-Bas vantent un jardin commun (gemeenschappelijke tuin) comme un argument de vente clé. Ce sont souvent des espaces magnifiquement conçus et paysagés destinés à favoriser un sentiment de communauté. Les documents marketing montrent des résidents heureux se mêlant sur des pelouses parfaitement entretenues. La réalité peut être tout autre. Ces jardins sont gérés par l'Association des Propriétaires (VvE), et leur utilisation est régie par un ensemble strict de règles (reglement). Ces règles transforment souvent l'espace d'un centre social vibrant en une zone stérile, semblable à un musée.
Les restrictions courantes incluent l'interdiction de jouer à des jeux de balle, d'utiliser des barbecues personnels, d'organiser des fêtes, ou de faire du bruit après une certaine heure. Le jardin devient un espace que vous pouvez regarder, mais dans lequel vous ne pouvez pas vraiment vivre. De plus, l'entretien de cet espace n'est pas gratuit ; il est payé par tous les résidents via leurs charges mensuelles (servicekosten). Vous payez, en fait, un loyer pour un jardin dont vous avez peut-être une liberté d'utilisation très limitée. Lorsque vous envisagez une propriété avec un jardin commun, vous devez demander le règlement du VvE et décider si les avantages l'emportent sur les coûts et les restrictions sur votre liberté personnelle.