La clause « Pas d'animaux » : est-elle vraiment légale ?
L'un des obstacles les plus courants et frustrants pour les propriétaires d'animaux sur le marché locatif néerlandais est la clause omniprésente « pas d'animaux ». La grande majorité des contrats de location standard (huurovereenkomst) contiennent une clause qui stipule catégoriquement « les animaux ne sont pas autorisés » (huisdieren niet toegestaan). Pour de nombreux locataires potentiels, cela semble être une règle juridiquement contraignante insurmontable. Cependant, la réalité est beaucoup plus nuancée et surprenante. Aux yeux de la loi néerlandaise, une interdiction générale de ce type est souvent considérée comme juridiquement inapplicable.
Les tribunaux néerlandais ont à plusieurs reprises statué qu'une interdiction totale de garder des animaux porte atteinte au « droit à la vie privée » (recht op privacy) et à la « jouissance paisible du logement » (woongenot), qui sont des droits protégés. Pour qu'un propriétaire puisse légalement faire appliquer une clause « pas d'animaux », il ne peut pas simplement se référer au contrat. Il doit prouver que l'animal en question cause une nuisance démontrable (overlast). Cela peut inclure des aboiements forts et incessants qui dérangent les voisins, un comportement agressif, des dommages importants au logement ou la création de conditions insalubres. Sans preuve de nuisance réelle, un propriétaire ne peut généralement pas obliger un locataire à se débarrasser d'un animal, quelle que soit la clause du contrat. Cela crée une étrange zone grise juridique où le contrat interdit quelque chose que la loi, en pratique, autorise souvent.
La réalité : candidature vs location
Bien que la validité juridique de la clause « pas d'animaux » soit faible, cela offre peu de réconfort lors de la phase de candidature. La loi peut être de votre côté une fois que vous êtes locataire, mais les propriétaires et les agents immobiliers détiennent tout le pouvoir lorsqu'il s'agit de choisir qui obtient le logement. Sur un marché concurrentiel avec des dizaines de candidats pour chaque appartement, être honnête sur la possession d'un animal déplacera presque certainement votre candidature en bas de la pile. Les propriétaires veulent éviter les risques et les tracas potentiels, et un animal représente à leurs yeux un risque important de dommages, de bruit et de conflits futurs. Ils choisiront simplement un autre candidat qualifié qui n'a pas d'animal.
Cela crée un dilemme éthique difficile. De nombreux locataires aux Pays-Bas, y compris des Néerlandais natifs, choisissent de ne pas être totalement transparents sur les petits animaux calmes comme les chats, hamsters ou poissons lors du processus de candidature. Ils signent le bail avec la clause « pas d'animaux » et emménagent avec leur animal, en se basant sur le principe que ce que le propriétaire ne sait pas ne peut pas leur nuire, et en comptant sur la protection juridique contre l'expulsion sans nuisance. C'est une stratégie risquée. Si le propriétaire découvre l'animal, cela peut créer une relation hostile et stressante, même si une action en justice est peu probable. Pour les propriétaires de chiens, en particulier les grandes races, cette stratégie est beaucoup plus difficile car leur présence est plus difficile à dissimuler.
Naviguer dans la conversation et obtenir la permission
Si vous choisissez d'être transparent à propos de votre animal, vous devez être prêt à une recherche difficile et à de fréquents refus. Cependant, obtenir une permission formelle est la seule façon d'avoir une véritable tranquillité d'esprit. Lorsque vous trouvez un propriétaire qui semble ouvert à l'idée, soyez prêt à défendre votre cas. Fournir un « CV de l'animal » avec des informations sur la race, l'âge, le tempérament et l'éducation de votre animal peut parfois aider. Offrir de payer un dépôt de garantie plus élevé (un « dépôt pour animal ») est une autre tactique courante, bien que ce ne soit pas un concept légalement reconnu et que son montant doit rester raisonnable (ne dépassant pas le maximum légal de 2 mois de loyer de base au total).
Certains propriétaires peuvent vouloir rencontrer l'animal en personne pour évaluer son comportement. Si vous avez la chance d'obtenir un « oui », il est absolument crucial d'obtenir cette permission par écrit. Ne vous fiez pas à un accord verbal ou à un courriel informel. La permission doit être un avenant formel et signé au contrat de location qui stipule explicitement que la permission est accordée pour garder l'animal(s) spécifique(s), supplantant ainsi la clause standard « pas d'animaux » du contrat principal. Sans cette preuve écrite, le propriétaire pourrait plus tard nier que la conversation ait jamais eu lieu, vous laissant dans une position vulnérable. Sur le marché locatif néerlandais, une promesse verbale vaut ce qu'elle vaut sur le papier.